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Si les ruines...


 

Et si les ruines étaient des braises à traverser, avec la conscience du temps qui entaille l’esprit comme le feu qui grave nos chairs ? Combien de braises avons-nous écrasées sans prendre garde à la douleur ? Combien de ruines devons-nous parcourir encore, pour entendre le murmure sacral de la mémoire ? La pierre ou le bois ardent ? Entre braises et ruines, il y a nos corps, seuls à écouter et seuls à témoigner.

 

J’ai rencontré un Homme qui a connu la braise et la ruine, et il m’a fait l’amour. Mille visages, il avait, mille noms, mille demeures, et aucune. Comment se fait-il que mon corps garde la trace de son passage et pourquoi son souvenir marque-t-il un manque éternel ? Peut-être l’ai-je rêvé, comme l’homme des ruines circulaires, borgésiennes. Peut-être lui ai-je donné naissance, comme une Sémélé. Peut-être est-ce lui qui m’a engendrée. J’ai rencontré un Homme, parmi les ruines du temps et de l’espace, et je l’ai aimé.




 

Et maintenant : que sont nos ruines, ces braises de nos forêts brûlées, anéanties par le temps ? Que racontent-elles, où nous mènent-elles, vers quelles soifs inassouvies, vers quelles histoires inachevées ? La danse parmi les ruines ne cessera jamais.


Les ruines nous mènent-elles vers l’origine perdue ?


Je veux rebrousser chemin, reprendre, revenir. Interroger l’Un que nous ne sommes plus et la raison et le surplus de raison qui nous en prive. Trouver la forêt qui ne brûlera plus, où une demeure antique sera notre présent. Dedans, les ruines deviendront échos, les braises deviendront flammes, nos corps vivront d’une vie possible, encore. 

 

R.B.

Crédit photos : Thomas Pourchayre

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1 Comment


re chab
re chab
Nov 23

Rien ne retient les fleurs, même fanées;

l’absence, la plainte

et les ruines laissées par les dieux défunts

qui n’ont même pas pris la peine

d’enlever les restes de temples.

De même les langues avec lesquelles on priait

se sont dissoutes dans celles des envahisseurs.

Mais il en reste quelque chose.


On se demande à quoi il sert

de laisser derrière soi

des choses auxquelles on ne croit plus.


Ce serait donc l’empreinte,

laissée par inadvertance

d’espèces disparues

figures fossiles

soumises à brûlure du temps

qui diraient simplement :

nous avons vécu.

-

RC - avr 2020

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